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Journal d'un insatisfait
18 mai 2015

Le langage de la création

Les soufis nous parlent de sciences spirituelles, dénombrables. Untel en connaît 40, un autre 70... On chercherait en vain autour de nous un détenteur de la moindre de ces sciences, sauf peut-être parmi les maîtres qui n'en disent mot. Il ne s'agit en effet ni de permaculture, ni de psychologie, ni de l'art de se faire passer pour un éveillé aux yeux d'une foule de morts-vivants.

Je ne suis pas détenteur de la moindre de ces sciences, en revanche j'ai trouvé que pour avoir une chance d'en acquérir une, il faut commencer par acquérir un nouveau langage, correspondant à de nouvelles perceptions, c'est-à-dire un nouveau corps. Notre corps ordinaire n'est pas capable de perceptions spirituelles. Notre âme en est capable, mais uniquement en se décalant du corps, en se désincarnant partiellement en quelque sorte. Ces perceptions se décomposent en unités primordiales, grandes ou petites, qui sont en quelque sorte les Noms divins, toutes les forces à l'oeuvre dans la création. Et ces unités forment des phrases, et des tableaux.

Rudolf Steiner est le seul auteur à ma connaissance à donner des indications correctes, lorsqu'il indique de se relier aux deux forces fondamentales qu'on peut voir à l'oeuvre dans la nature, la croissance et la décroissance, par exemple en observant une plante qui grandit, ou qui décline. Il dit qu'en se reliant à cela, nous observerons des changements dans notre âme, qui s'ouvrira à un nouvel univers de perception. Il est dommage qu'il n'indique que ces deux-là, c'est un peu limité. Mère parle des qualités psychiques des plantes, mais elle n'indique pas comment apprendre à les voir, elle parle seulement de ce qu'elle voit. Ibn Arabi parle du dhikr de toutes les créatures, que le mystique peut apprendre à percevoir, mais là encore pas de méthode, si ce n'est d'aimer Dieu. Mais il est impossible d'aimer Dieu si l'on ne parle pas le langage des créatures, car à dire vrai, toutes les créatures manifestent Dieu. Si l'on ne perçoit pas ce qu'Il a mis en elles, c'est qu'on ne le perçoit pas lui non plus, et qu'on ne fait que l'imaginer. Plus exactement, on peut l'aimer, mais de manière extrêmement réduite, à travers ce qu'il a mis en nous uniquement.

C'est probablement la différence entre la voie du hinayana et la voie du mahayana. Le hinayaniste apprend à connaître son propre esprit, mais uniquement celui-là. Il ne connaît du Bouddha primordial (celui qui a créé cet univers), que la facette qu'il exprime lui-même. Alors que le mahayaniste est poussé, par compassion, à connaître les autres, son esprit est donc beaucoup plus vaste, ainsi que ses connaissances.

Quoi qu'il en soit, il paraît difficile d'appréhender le Réel à travers le monde qui nous entoure, parce qu'il est trop complexe. Regardez votre voisin, c'est déjà un être infiniment compliqué, plein de contradictions de toutes sortes. Le monde qui nous entoure est en réalité d'une complexité inouïe, et la science dont nous sommes si fiers en effleure à peine la surface. Nous ne savons pas grand chose. Le moyen que nous avons d'appréhender tout cela, d'apprendre le langage de la création, c'est de créer un environnement simple dans notre esprit, où nous pouvons apprendre les bases. Comme un pilote qui s'entraînerait tout d'abord sur un simulateur de vol.

La première chose qu'il nous faut concevoir dans notre simulateur, c'est l'amour. Nous devons créer des objets/êtres que nous serons capables d'aimer de manière pure, à partir de quoi ces êtres vont manifester des qualités dont nous n'avions pas idée, se complexifier, nous permettre d'engendrer de nouvelles perceptions. C'est ce que font les tibétains avec leurs divinités pourvues de nombreux attributs. Tous ces attributs sont les éléments d'un langage spirituel qui, une fois acquis, nous permet de percevoir le Réel. Mais les chrétiens font exactement la même chose en méditant sur les personnes de Jésus, Marie, et sur les mystères de la foi. Les soufis font aussi la même chose en méditant sur la personne de leur Cheikh, censé être un représentant du Prophète (la lumière Mohammadienne étant la matrice à partir de laquelle l'univers a été créé). Plus on concevra de qualités divines dans son esprit, de manière pure, plus on deviendra capable de les reconnaître dans leur manifestation. Et de percevoir cette dernière non pas comme le voile de Dieu, mais comme ce qui Le révèle. 

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