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Journal d'un insatisfait
10 août 2015

De la connaissance de Dieu

La destructuration des cerveaux est galopante. Plus ça va, plus je croise d’interlocuteurs dont la pensée me fait l’impression de petits lambeaux qui flottent au vent. Certains scientifiques disent que c’est la faute aux SMS…
Et c’est vrai que je ne vois guère comment le Saint-Esprit va régler la question (ce qui nous est promis depuis des lustres), sauf à violer toutes les lois qui font que l’univers tient debout. On ne transforme pas un crapaud en cheval de course.
Je pense que cette espèce de croyance dans le fait que « Dieu » va faire quelque chose pour sauver la situation au mépris de toutes les lois d’interdépendance, est l’autre versant de notre tendance à générer des idées maladives autant que fausses sur la nature de Dieu.
Il y a quelques années déjà je m’étais posé la question : »Que serait ma connaissance de Dieu si je n’avais rien lu à son sujet ? ». Rien. Ce qui voulait dire que ma connaissance était nulle, car ce ne sont pas des lectures mal comprises qui peuvent nous donner la connaissance de Dieu. Etonnamment, si je me posais la même question aujourd’hui, la réponse serait différente. Au fond, notre connaissance de Dieu est exactement ce qui nous reste une fois que nous enlevons toutes nos idées à son sujet. Et c’est bien à partir de ce reste qu’il nous faut avancer, car en réalité c’est quelque chose qui se développe à partir de l’intérieur. 
Quand je regarde le Cheikh Nazim, je me rends compte qu’il est bête. Mais ça n’est pas un problème, parce qu’il est très expressif, ce qui signifie que son âme a acquis une véritable substance. Il paraît que pas mal de gens le tiennent pour un faux maître, mais pas moi. Qu’il n’ait pas de sphère intellectuelle ne préjuge pas de sa réalisation. De toutes façons, les maîtres qui sont une puissante sphère intellectuelle semblent la minorité. Cela dit, on voit que les gens qui ne lisent pas, et qui essaient de se développer de l’intérieur, échouent lamentablement. Les lectures devraient nous servir à développer de la substance, mais pas des idées, alors que c’est le contraire qui se produit. Les livres sont une malédiction quand ils nous font développer des idées, une bénédiction quand ils nous font développer de la substance. Castaneda est un bon exemple. Si on s’en sert pour essayer de connaître quelque chose, on devient complètement fou. Si on s’en sert pour se constituer des paysages intérieurs, c’est un bon usage. Par contre si on croit pouvoir éviter les livres, on se trompe (sauf cas très particulier), car l’homme, justement, n’a pas de substance en propre. Le cas des enfants-loups le prouve.
Ce soir je lisais les Pensée d’Anna Schäffer, et ce qui m’a frappé c’est qu’elle n’avait absolument aucune idée sur Dieu. Elle ne faisait que décrire son expérience, une expérience qui comparée aux pensée sublimes d’Aurobindo ne va pas loin semble-t-il. Mais en même temps, on sent que derrière la répétitivité de son expression qui est en réalité totalement impuissante à décrire quoi que ce soit, il y a un univers, qui est juste indescriptible. Et quelque part, je peux comprendre. Elle a son Jésus comme j’ai mes amis imaginaires, et c’est strictement la même chose, sauf que c’est bien plus développé chez elle. Il n’y a rien de plus à aller chercher. Il faut se constituer des amis imaginaires, dans des terres pures imaginaires, et creuser là-dedans. C’est à cela que se résume toute notre connaissance de Dieu, au final. C’est cela qui conduit à l’omniscience, aussi étrange que ça puisse paraître, parce que l’amour de nos amis imaginaires développe la clarté, aussi minables soient-ils, et la clarté nous dévoile l’interdépendance. Je veux dire que mes amis ne sont ni Jésus ni Marie, mais je me suis rendu compte que la « grandeur » de Jésus et Marie sont secondaires, en tant que ce sont des idées. Imaginer un Jésus immense qui serait le roi de l’univers est finalement préjudiciable, parce que c’est un exercice du mental. On s’en fiche du roi de l’univers. Ce qui est important, c’est de l’aimer. C’est l’amour qui dévoilera le grandeur, et non pas la grandeur qui va provoquer l’amour. Alors pourquoi l’aime-t-on ? Juste parce qu’on a envie d’avoir un ami.  

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