L'ignorance est-elle une excuse ?

Je ne sais quelle folie m'a pris l'autre jour d'écrire une lettre à Isabelle Padovani. Je n'épiloguerai pas ici sur notre échange ou notre absence d'échange, mais j'ai noté que dans un brouillon non envoyé, je lui disais que je trouvais étrange son exemple de communication réussie avec sa compagne. L'une veut ouvrir la fenêtre, l'autre non, après moultes palabres la fenêtre reste finalement fermée. De telles discussions sont inimaginables en ce qui me concerne. Je ne prétends pas passer ma vie à me sacrifier pour ton bien-être, chère âme, et il est bien possible que tu te sacrifies plus souvent pour moi que je ne le fais pour toi. Mais enfin, il me semble que dans les deux cas, c'est quelque chose que nous faisons volontiers. Si tu es malade, je suis prêt à braver le froid et la neige pour aller te chercher ce qu'il te faut, il me semble bien que c'est réciproque, et qu'il n'a jamais été nécessaire de parlementer pour savoir lequel de nous deux devait prendre sur lui en cas de crise. Bref... Mais voilà que je tombe aujourd'hui sur une page qui laisse entendre que la compagne de cette charmante personne a changé (à moins que la même ait changé de prénom). Comme c'est étonnant !

Plutôt que de s'efforcer de progresser, il me semble que chacun s'efforce de (se) prouver qu'il représente un insurpassable summum de perfection. Telle cette personne gloutonne qui a déclaré que la gourmandise était pire que la gloutonnerie, dans la mesure où le péché est conscient et consenti. Cette personne avait simplement oublié avoir rédigé un article sur l'Hippias mineur, afin de louer la clairvoyance de Socrate qui prétendait exactement le contraire : celui qui fait le mal le sachant est meilleur que celui qui fait le mal ne le sachant pas, tout simplement parce qu'il a l'esprit plus clair. (Un lama de ma connaissance disait la même chose en substance : une personne qui sait qu'elle agit mal est sauvable, mais on ne peut rien faire pour quelqu'un qui ignore ce qu'il fait). Etrangement, c'était d'ailleurs cette même personne qui me tenait récemment des discours enflammés sur le fait que l'ignorance n'est pas une excuse, et que les gens qui font du tort de bonne foi devraient être punis. Sauf en matière de gloutonnerie et de tout ce qui la concerne. Autant annoncer tout de suite la couleur "Mon ignorance n'est pas un péché, mais celle des autres l'est".